Suite à la refonte de ce blog, j'entame une analyse de chanson: une de mon trio gagnant du nouvel album, celle qui au premier coup
d'œil semble assez simple à comprendre mais qui présente quelques images étonnantes: "Weit weg", ou l'histoire d'un
voyeur.
Voici donc les paroles suivies d'une interprétation de cette chanson. Les paroles et la traduction sont par ici.
Dès le début de la
chanson, il est question d'une "image" (ou "tableau") que l'on
est incapable de décrire pour une raison qu'on ignore, tout de suite
suivie de la description d'un voyeur: il a le visage "pressé" (ou "collé")
contre la fenêtre et il regarde une femme non nommée. Dans le couplet
suivant, on comprend qu'il la regarde souvent (cette nuit va être la
première fois où il l'aperçoit nue) avec des jumelles. Enfin, le mot
"fantasmes" (aussi traduisible par "imagination") revient deux fois: il
semblerait bien que cette femme, une inconnue vivant en face de chez
lui, soit aussi l'objet de ses fantasmes.
On en déduit rapidement
ce qui se passe: quand il "chante", en réalité il jouit ("il a le
souffle court, son cœur bat la chamade") - d'où le jeu de mots: "Spannt
seine Fantasie zum Bogen" ("[cette vision] bande l'arc de son
imagination"). Par conséquent, quand il "peint", il éjacule - on imagine
bien qu'il tient en fait son pénis au lieu d'un pinceau en main.
On notera que dans "Malt
seine Farben in ihr Bild," les couleurs sont les siennes (son éjaculat
donc) mais l'image (le tableau, le portrait) est en fait celui de la
femme (les possessifs en allemand permettent de faire la distinction).
Cela me conduit à interpréter l'extrait ainsi: le sperme finit sur le
carreau de la fenêtre, qui formait un cadre autour de la femme - du
point de vue du voyeur, c'est comme s'il peignait un portrait d'elle.
Cela se confirme par le fait qu'il "se tient tout près de la fenêtre"
dans le même couplet.
Par conséquent, le
"tableau" qu'on ne peut pas décrire, mentionné au début, est
probablement celui-ci: avec un éjaculat sur la vitre, on ne risque pas
de voir grand-chose.
Il reste désormais
l'image du soleil qui se trouve dans sa main (à lui). C'est forcément
une métaphore, probablement de son pénis qui, suite à l'extase
jouissive, devient sa source de lumière, qui l'a illuminé un instant.
Or, l'extase ne dure qu'un laps de temps bien court, et comme l'indique
le dernier couplet, ce sont les "ténèbres qui règnent" pendant la nuit
("quand la lune embrasse les étoiles"). Le fait qu'il "dérobe la lumière
du soleil" pourrait donc signifier qu'il se rhabille, ou garde pour lui
seul cet instant de jouissance.
On pourrait aussi
interpréter ce passage de manière plus concrète: l'éjaculat projeté sur
la vitre risquerait fort de prendre la forme d'un soleil (projection de
rayons blancs). D'un point de vue extérieur, cela donne l'illusion d'un
soleil tenu dans son poing. Par la suite, le fait de "dérober" cette
"lumière" signifierait peut-être qu'il cherche à nettoyer ce qu'il vient
de faire, se rendant compte un peu honteux qu'un "soleil" comme ça, sur
sa vitre, alors qu'il fait nuit, ne devrait pas être là.